J’ai un profond attachement pour le Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) à Tervuren en Belgique qui s’est donné pour but de mieux faire connaître les traditions séculaires à travers l’art et les objets coutumiers des peuples de cette région. La rigueur scientifique et l’immense érudition de ses experts, ses collections d’art africain (l’une des plus importantes au monde), tout comme son incroyable fond d’archives sont autant d’atouts pour diffuser ces connaissances à un public plus large.

Les réserves du Musée Royal de l’Afrique Centrale abritent notamment une importante collection d’œuvres de l’ancienne province du Bandundu jamais montrée. Parmi elles, les énigmatiques statuettes nswo. Méconnues du grand public, ces petites statuettes de facture très simple le sont aussi des spécialistes. Les ouvrages spécialisés sur la question sont relativement rares par rapport à d’autres œuvres plus populaires de l’art traditionnel congolais comme les masques Kifwévé ou Songyé par exemple.

Avant la réouverture du MRAC en 2017 après plusieurs années de travaux, j’ai donc eu la chance de contribuer à son travail de recherche via la coédition, avec les éditions du musée, d’un ouvrage consacré aux statuettes nswo. C’est une manière pour moi de participer – à ma modeste mesure – au rayonnement de cette institution, et aussi de rendre hommage aux habitants du Bandundu.

 

Les statuettes nswo, facette méconnue de la culture du Bas-Congo

 

Isolées ou en groupe, en bois ou en terre cuite, les statuettes nswo fascinent de par leur simplicité esthétique et leur caractère unique. Leurs créateurs ont su insuffler à chacune de ses œuvres une véritable personnalité selon leur village d’origine et leur fonction. Guérir les maladies, protéger les familles et les enfants, favoriser les récoltes et la chasse… Chacune d’entre elles a sa propre raison d’être, son propre rôle rituel. Les statuettes nswo accompagnent les habitants du Bas-Congo dans leur quotidien, dans leurs activités et dans leurs foyers, un peu comme les dieux lares chez les Etrusques et dans la Rome Antique. Elles sont pour eux le moyen de communication privilégié avec le monde invisible des esprits et des ancêtres, dont les décisions se manifestent concrètement dans le monde des vivants.

D’où viennent ces statuettes ? Personne ne le sait vraiment. Certaines hypothèses avancent qu’elles auraient fait leur apparition au XIXe siècle à l’ouest du Congo parmi différents groupes de l’ethnie Teke. Leur usage se serait propagé vers l’est au point de se répandre dans toute la province du Bandundu dans les ethnies Yansi, Sakata, Hungana, Boma, Tsong, Mfunuka, Dikidiki et Yaka. Chez chacun de ses groupes, la forme des statuettes, leur mode de transmission au sein des familles, leurs attributs, leurs fonctions et les forces qui les animent différent légèrement. Leur popularité, elle, est immense dans tout le Bas-Congo.

 

Mieux faire connaître les cultes et les traditions de RDC

 

C’est dans ma jeunesse que j’ai pu découvrir les statuettes nswo, résidant alors en République Démocratique du Congo. L’attachement des habitants du Bandundu à leurs statuettes et l’art qu’ils mettent dans leur réalisation m’a toujours fortement marqué. Chaque événement de leur vie, chacune de leurs espérances et de leurs craintes pour l’avenir, c’est à elles qu’ils les confient. Les statuettes nswo sont les témoins muets de leurs vies et le lien sacré qui les relient aux générations passées. Prendre le temps de les admirer et de connaître leur sens profond, c’est découvrir ce peuple dans l’une de ses traditions les plus intimes et les plus émouvantes.

Faute d’archives ou de travaux scientifiques facilement accessibles sur la question, des pans entiers de la culture de la RDC restent encore inconnus du grand public. Le plus grand pays d’Afrique Centrale abrite pourtant un patrimoine culturel et artistique unique d’une richesse fascinante et d’une incroyable diversité. NSWO Statuettes et cultes du Sud-Ouest de la République Démocratique du Congo veut ainsi faire la lumière sur l’un des pans les plus énigmatiques et les plus méconnus de la culture congolaise dans le but de rendre l’information accessible aux passionnés.